Garde à vue
Le film dure 96 minutes. Un clin d'œil à son titre, lui-même référence à la durée maximum d'une garde à vue: 96 heures.
Dans son cinquième film, Frédéric Schœndœrffer met face à face, en huis clos et pendant un temps limité, deux personnages forts, interprétés par deux ''gueules'' du cinéma français: Niels
Arestrup et Gérard Lanvin.
En prison depuis trois ans, Victor Kancel (Arestrup), un truand d'envergure, parvient à s'évader, grâce à des complices. Ceux-ci ont enlevé l'homme qui l'avait arrêté: Gabriel Carré (Lanvin), le
patron de la Brigade de répression du banditisme.
Kancel ne veut pas se venger de Carré. Il veut se venger de celui qui l'a trahi et a permis son arrestation. Et pour connaître son identité, il a besoin de Carré.
Il n'a que quatre jours pour cela, et enferme donc le policier dans une grande villa. ''Ta garde à vue commence maintenant, commissaire'', lui dit-il. ''Tu sais bien que les flics ne balancent
pas leurs indics'', lui répond Carré.
Un face à face tendu, une partie d'échecs, un bras de fer psychologique s'engage entre les deux hommes. Le suspense commence...
C'est la première fois que Frédéric Schœndœrffer, fils de Pierre Schœndœrffer et spécialiste des films policiers, réalise un film dont il n'a pas écrit le scénario, après SCÈNES DE CRIMES (2000),
AGENTS SECRETS (2004), TRUANDS (2007) et SWITCH (2011).
''Je sortais d’un film de poursuite, alors ce huis clos entre deux personnages qui seraient forcément incarnés par deux grands comédiens, ça m’a donné envie'', explique-t-il. ''Je n’avais jamais
fait de huis clos, je me suis dit que ce serait intéressant d’en faire un pour mon cinquième film, de tenter quelque chose que je n’avais jamais fait auparavant''.
Plus qu'un duo Arestrup-Lanvin, c'est à un duel auquel on assiste. Il y a des scènes fortes et des rebondissements à la fin, mais l'affrontement est essentiellement psychologique.
''C’est une partie d’échecs entre un professionnel très rodé et un autodidacte. C’est ça qui est excitant, car ils jouent dans des registres différents. Carré connaît toute la théorie, Kancel est
un peu à l’image de Bobby Fischer, il sort des coups imprévus. C’est un jeu d’échecs, de poker menteur'', explique Niels Arestrup.
''Moi je suis comme Niels Arestrup, on est arrivé à un âge où on ne peut plus passer tout le temps d’un film à courir après les voitures et à être essoufflé'', dit de son côté Gérard Lanvin. ''Un
flic n’est pas forcément un coureur de fond ni un sprinter. Un flic, c’est aussi un mec derrière un bureau qui utilise la psychologie. Donc ce film m’a intéressé parce qu’il s’agissait d’une
confrontation. Il n’y a pas d’agitation, de bruit, de coups de feux superflus, de poursuites''.
Sylvie Testud, Anne Consigny et Laura Smet ont des rôles secondaires, qui aident à installer le dénouement. Mais ces 96 minutes reposent essentiellement sur les deux acteurs principaux, dans des
rôles taillés pour eux.
Stéphane Piernalin
LA PHRASE
''Tu sais bien que les flics ne balancent pas leurs indics'' (Gérard Lanvin à Niels Arestrup).
96 HEURES
(France, 1h36)
Réalisation: Frédéric Schœndœrffer
Avec Gérard Lanvin, Niels Arestrup, Sylvie Testud
(Sortie le 23 avril 2014)