La fin d'une époque
La fin du jeu, ou la fin d'une époque. Plus de 10 ans après avec le premier IRON-MAN, les Avengers signent leur dernier acte, ou presque. AVENGERS: ENDGAME, suite directe d'INFINITY WAR, ne met pas fin à l'espoir de revoir des personnages de la franchise dans de nouvelles aventures (le prochain SPIDER-MAN est attendu en juillet, LES GARDIENS DE LA GALAXIE-3 en 2022), mais baisse le rideau sur l'équipe de super-héros telle qu'elle s'est construite depuis 2008.
Dans le précédent film, le titan Thanos (Josh Brolin) les avait laissés dans une situation catastrophique, après avoir annihilé au hasard la moitié des créatures vivantes dans l'univers et donc certains héros et leurs proches.
Ne restent donc plus que Thor (Chris Hemsworth), Hulk (Mark Ruffalo), Captain America (Chris Evans), Black Widow (Scarlett Johansson), War Machine (Don Chealde), Rockett (Bradley Cooper), et un Iron Man (Robert Downey Jr) en perdition. L'arrivée –attendue– de Captain Marvel (Brie Larson) et d'autres renforts va cependant leur offrir l'opportunité d'aller déloger Thanos de sa retraite pour récupérer les pierres d'infinité. Ceux qui sont déjà perdus peuvent rattraper leur retard en regardant une dizaine de films sur la vingtaine que compte la franchise.
Les scénaristes auraient pu se contenter de cela: une vaste contre-offensive contre le méchant pour sauver tout le monde. Mais cela n'aurait pas nécessité les trois heures que dure AVENGERS: ENDGAME et aurait cruellement manqué d'imagination. Les choses prennent une tournure surprenante après une quinzaine de minutes, plongeant le spectateur dans un contexte nouveau et inattendu. Telle est la bonne surprise de ce film.
Les super-héros confrontés à la défaite gèrent différemment, par la violence ou la résignation (mention spéciale pour Thor en la matière). Mais forcément, un espoir va survenir –de manière assez convenue– et les derniers Avengers se rassembler une ultime fois.
Sans surprise, ils vont tenter de "ressusciter" les milliards de victimes à grand renfort de science-fiction teintée de magie. Ils vont pour cela devoir replonger dans certaines de leurs aventures passées. Des incursions dans les précédents épisodes qui donnent au tout des airs de "best-of", et montrent peut-être que le filon a été suffisamment exploité. Mais une nouvelle fois, l'autodérision et les références décalées permettent d'éluder le défaut. En revanche, cette quête qui représente plus d'une heure de film manque d'action, même si elle a son lot de rebondissements.
Quelques longueurs émaillées d'incohérences permettent de préparer un grand final exceptionnel, dans lequel l'action est bien sûr prépondérante, mais où est également exploité intelligemment l'affect entre le spectateur et les personnages, leur histoire, la mythologie Marvel. C'est également ce qui rend cet AVENGERS: ENDGAME inadapté voire inaccessible à ceux qui n'ont pas un minimum (élevé) de culture en la matière. Car il faut avoir appris à connaître les héros dans leur complexité pour apprécier la façon dont certains vont tirer leur révérence, laissant la place à une autre génération.
Victor Lefebvre
LA PHRASE
"Le monde a changé. On ne fera pas marche arrière. On ne peut que faire de notre mieux. Et parfois, ça veut dire tout recommencer" (Scarlett Johansson).
(États-Unis,)
Réalisation: Joe Russo et Anthony Russo
Avec Robert Downey Jr., Chris Evans, Mark Ruffalo
(Sortie le 24 avril 2019)