Ex-fans des sixties, vous voici gâtés. C'est la semaine de tous les remakes: outre ANGÉLIQUE et son Joffrey de Peyrac, un autre duo légendaire des années 60 fait sa réapparition sur les écrans ce 18 décembre: BELLE ET SÉBASTIEN.
La gentille chienne et le petit garçon solitaire ont fait les beaux jours de la première chaîne de l'ORTF à partir de 1965, dans une série télévisée réalisée par Cécile Aubry, avec son fils Mehdi dans le rôle principal.
Près d'un demi-siècle plus tard, c'est à Nicolas Vanier, aventurier, écologiste et cinéaste, que la Gaumont a demandé d'adapter l'histoire au cinéma. Spécialiste du Grand Nord, de la neige et des chiens de traîneaux, il avait à son actif plusieurs films qui se rapprochaient davantage du documentaire que de la fiction (L'ENFANT DES NEIGES, LE DERNIER TRAPPEUR, LOUP).
Ici, il a repris le scénario original mais a situé l'histoire en juillet 1943, en pleine Seconde guerre mondiale. A Saint-Martin, petit village des Alpes à flanc de montagne, il y a des Allemands qui viennent acheter du pain à la boulangerie et il y a des résistants qui aident des Juifs à passer la frontière suisse.
Il y a aussi ''la Bête'', accusée par les gens du village de tuer leurs moutons. Sébastien (Félix Bossuet), orphelin débrouillard et solitaire élevé par un vieux berger (Tchéky Karyo), rencontre un jour l'animal en question. Qui n'a rien d'effrayant: c'est une brave chienne au caractère sauvage, qui a fui son maître qui la battait.
Un bain dans un ruisseau d'eau claire et voici la chienne sale et crottée transformée en superbe Belle au poil blanc immaculé et soyeux. L'enfant et l'animal deviennent les meilleurs amis du monde. Et vont se protéger mutuellement contre des périls et dangers divers et variés...
On pouvait faire confiance à Nicolas Vanier pour tirer le maximum visuel de la montagne, filmée sur trois saisons –et il s'est régalé notamment avec la neige. Dans cette vallée de la Haute Maurienne Vanoise que la civilisation n'a pas encore trop abîmée, il y a des moutons, des cabris, des vaches, des poules, des lièvres, des chevaux, des marmottes, des cerfs et des biches, des loups et même une grenouille imprudente dont Belle fait son casse-croûte.
Le scénario n'est pas compliqué, la mise en scène n'est pas tapageuse, les décors sont naturels, le petit garçon de sept ans n'est pas cabot et la chienne Belle (son vrai nom est Garfield, aidée de deux doublures) joue sobrement. Un vrai plaisir simple de cinéma aux grands espaces et aux bons sentiments.
Petit hommage à la série originale, Mehdi, aujourd'hui âgé de 57 ans, a un petit rôle dans le film. Et notamment une scène avec son successeur, dans la forêt, qu'il raconte avec émotion: ''Je vais jouer ma scène avec ce petit bonhomme, j'ai le trac, j'ai l'impression de me voir dans un miroir dont le reflet aurait oublié de vieillir. C'est très troublant''.
Mehdi, qui continue aujourd'hui une discrète carrière de réalisateur de courts métrages et de comédien, adresse un petit message personnel au Sébastien 2013: ''Sais-tu, Félix, qu'on va t'appeler Sébastien pendant au moins cinquante ans? Qu'on va te demander des nouvelles du chien presque tous les jours? Et que des jeunes filles viendront te voir en te disant que leur grand-mère était amoureuse de toi? Finalement, je ne suis pas mécontent de te passer le relais, Félix''.
Euh, un peu nostalgique, le Sébastien 1965, non?...
Jean-Michel Comte

LA PHRASE
''Qu'est-ce que t'es belle! Belle: et si je t'appelais comme ça?'' (Sébastien à sa nouvelle amie, à leur première rencontre).

BELLE ET SÉBASTIEN
(France, 1h44)
Réalisation: Nicolas Vanier
Félix Bossuet, Tchéky Karyo, Margaux Chatelier
(Sortie le 18 décembre 2013)