Vingt ans après
On l’avait laissée amoureuse transie, prête à se marier avec l’homme de sa vie après maintes tribulations, entre grosses gaffes et peines de cœur, clopes et culottes géantes. Voilà qu’on retrouve Bridget Jones, 12 ans après L’ÂGE DE RAISON, avec une décennie en plus et une dizaine de kilos en moins, quadragénaire dans BRIDGET JONES BABY.
Elle a vieilli. Elle a maigri. Elle a mûri. Mais Bridget Jones (Renée Zellweger) reste toujours célibataire. Envolé le grand amour avec son dandy anglais, Mark Darcy (Colin Firth), trop sérieux, trop pincé, trop absent surtout. Cinq ans qu’ils sont séparés et elle s’en porte plutôt bien, concentrée sur sa carrière de productrice de télévision et sur ses amies.
Et comme celles de son âge sont toutes affublées de maris et d’enfants, la joyeuse Bridget s’en va faire la fête à un festival de musique en plein air avec une collègue plus jeune et plus délurée. Alcoolisée jusqu’au bout de ses bottes en caoutchouc, elle finit dans les bras de Jack Qwant (Patrick Dempsey), un bel Américain sexy et plutôt doué au lit. Une nuit sans lendemain, sympathique mais aussitôt oubliée.
Car Bridget a bien d’autres soucis en tête, comme Mark Darcy qu’elle recroise lors d’un baptême. Un souvenir en entraîne un autre, et les deux ex passent la nuit ensemble. Un faux pas plutôt banal, si ce n’était la nouvelle qui tombe quelques semaines plus tard: à 43 ans passés, Bridget Jones est enceinte. Et comble de l’horreur: elle ne sait absolument pas qui est le père… Jack ou Mark?
En 1996, lors de la sortie du Journal de Bridget Jones, premier roman de la saga Chick Lit, l’héroïne créée par l’écrivain britannique Helen Fielding incarnait la fraîcheur, l’humour et l’originalité des célibataires du XXème siècle. Une nouvelle génération de trentenaires indépendantes et battantes mais toujours à la recherche du Prince charmant…
Vingt ans plus tard, l’icône et l’actrice ont pris un coup de vieux. Brocardée dans la presse anglophone pour ses opérations de chirurgie esthétique accusées d’avoir provoqué une certaine "rigidité" de son jeu, Renée Zellweger est sans aucun doute le maillon le plus faible du film. Aussi empotée que caricaturale, à 43 ans, Bridget Jones décidément émeut moins qu’elle n’agace. Certes on rit toujours, mais avec moins d’entrain. Certains gags déclenchent à peine un sourire figé, et le rythme de ces neuf mois de grossesse peine parfois à porter le spectateur.
Prévisible, parfois poussive, mais quand même attachante, la comédie réalisée par Sharon Maguire prend toutefois, grâce aux deux partenaires masculins de Zellweger, Patrick Demsey, nouveau venu fringant et plutôt à l’aise dans le genre, et Colin Firth, toujours impeccable dans son rôle de diplomate introverti et propret.
A leurs côtés, celle qui tire le mieux son épingle du jeu, c’est Emma Thompson, fabuleuse en gynécologue franc du collier qui en a vu d’autres. Face à un trio un peu téléphoné et parfois insipide, elle leur vole la vedette et balance les meilleures répliques du scénari : "Je me suis demandé combien de pères on aurait… On est complet, bingo! Quel suspense! C’est comme la finale de The Voice. Tapez 1 si vous voulez que ce soit Mark, tapez 2 si vous voulez que ce soit Jack!"
Cela résume bien BRIDGET JONES BABY. Comme une soirée pizza-plateau TV devant un télé-crochet ou une émission de télé-réalité, on en sort un peu coupable mais finalement content d’avoir passé un bon moment.
Karine G. Barzegar
LA PHRASE
"Amenez le père, si vous arrivez à savoir lequel des deux c’est..." (l’obstétricienne, en proposant un rendez-vous d’échographie à Bridget Jones enceinte).
(Grande-Bretagne, 2h03)
Réalisation: Sharon Maguire
Avec Renée Zellweger, Colin Firth, Patrick Dempsey
(Sortie le 5 octobre 2016)