ET PLUS SI AFFINITÉS
Deux couples, deux ambiances
Il a raflé quatre récompenses au Festival du film de comédie de l'Alpe d'Huez en janvier dernier: Prix spécial du jury, Prix du public et double prix d'interprétation masculine et féminine. Deux couples sont face à face dans le film ET PLUS SI AFFINITÉS (sur les écrans ce mercredi 3 avril), savoureuse comédie qui ne s'interdit pas le ton doux-amer, voire grinçant.
Usé par 25 ans de vie commune, le couple formé par Xavier et Sophie (Bernard Campan et Isabelle Carré) semble à bout de souffle. Il est professeur de musique, elle tient une agence immobilière, ils ont un gros chien fatigué et une fille de 20 ans qui fait ses études en Angleterre et vient les voir un week-end sur deux.
Ils habitent un immeuble de cinq étages et, ce soir-là, ont invité à dîner leurs voisins du dessus, plus jeunes qu'eux: Alban (Pablo Pauly), pilote de ligne, et Adèle (Julia Faure), psychologue comportementaliste animalière, ensemble depuis deux ans.
Reproche
Xavier, aigri et coincé, a bien l'intention d'évoquer auprès de leurs invités le reproche principal qu'il leur fait: leur manque de discrétion, la nuit, quand ils font l'amour. Au contraire Sophie, par politesse, ne veut pas qu'il en parle.
En fait, c'est Alban et Adèle qui sont les premiers à aborder le sujet. Ce jeune couple libéré et passionné, aux mœurs débridées, n'a pas froid aux yeux: "On pratique le sexe en groupe", avoue Adèle. De là à proposer à Xavier et Sophie de tenter l'expérience…
Remake d'un film espagnol
Il n'y a que quatre personnages dans ce film à huis clos qui pourrait ressembler à du théâtre filmé. Mais il n'est pas tiré d'une pièce: c'est le remake d'un film espagnol, SENTIMENTAL, sorti en France en août 2021.
C'est le deuxième film du duo de réalisateurs Olivier Ducray et Wilfried Meance, après JUMEAUX MAIS PAS TROP en 2021. Tous deux ont adapté à leur façon le film original, changeant certaines choses dans le scénario et trouvant un ton différent: "On trouvait que le film espagnol était un peu sage", explique Wilfried Meance.
Vaudeville
"Les auteurs avaient sans doute peur du vaudeville", ajoute Olivier Ducray, "et même si on pouvait craindre le risque du théâtre filmé, il fallait assumer une part de vaudeville, tout en préservant la sincérité des émotions. On aurait pu s’engager dans une voie plus potache, mais ce n’était pas notre intention".
Les dialogues ont du mal à démarrer, puis deviennent tendus –notamment entre les deux hommes, qui s'affrontent comme deux coqs, alors que les deux femmes sont plus raisonnables et mesurées. Mais on rit beaucoup, les réparties fusent, ça vire bientôt à la thérapie de couple(s), puis le ton devient sur la fin –après une surprise dans le scénario– plus grave, plus sérieux, plus touchant.
Quatre acteurs très à l'aise
Bien sûr cela reste une comédie, on ne s'ennuie jamais dans ce film à la réalisation compacte (1h17) et porté par quatre acteurs très à l'aise, avec une mention spéciale pour Bernard Campan, délicieusement pitoyable dans son rôle de vieux grincheux amer. "Ce qui nous tient à cœur avant tout, ce sont les personnages et on ne voulait pas que les situations dominent les personnages, au risque de brider l’empathie des spectateurs", dit Wilfried Meance.
On voit ainsi les personnages évoluer peu à peu tout au long du dîner, se dévoiler, dans cette ambiance qui elle non plus n'est pas monocorde, comme l'explique Julia Faure: "C’est une pure comédie où l’on sent bien que l’intime et l’émotion peuvent surgir". Et, c'est vrai, ils surgissent.
Jean-Michel Comte
LA PHRASE
"Les couples ont besoin de se disputer" (Adèle).
(France, 1h17)
Réalisation: Olivier Ducray et Wilfried Meance
Avec Isabelle Carré, Bernard Campan, Julia Faure
(Sortie le 3 avril 2024)
Retrouvez cet article, ainsi que l'ensemble de l'actualité culturelle (musique, théâtre, festivals, littérature, évasion)
sur le site