La mini-croisière s'amuse
Sandrine Kiberlain et Denis Podalydès embarquent Daniel Auteuil dans une fausse croisière romantique sur un canal, au fil d'une comédie typiquement française, sans prétention mais pas sans charme: LA PETITE VADROUILLE, qui sort ce mercredi 5 juin sur les écrans.
Franck (Daniel Auteuil), un homme d'affaires à qui tout réussit sauf sa vie sentimentale demande à sa plus proche collaboratrice, Justine (Sandrine Kiberlain), de lui organiser un week-end en amoureux pour une femme qu'il veut séduire. Elle a carte blanche et un budget conséquent: 14.000 euros en liquide.
Mini-croisière privée
C'est l'occasion rêvée pour Justine et son mari Albin (Denis Podalydès), qui tire le diable par la queue, de tirer un gros bénéfice de cette mission singulière. Avec leur bande d'amis qui, eux non plus, ne roulent pas sur l'or, ils vont organiser une mini-croisière privée sur une petite péniche que l'un d'eux, Jocelyn (Bruno Podalydès), est chargé de convoyer jusqu'à la mer, sur un canal parsemé d'écluses.
Faux équipage (dont Jocelyn, capitaine du bateau), faux organisateur de voyages (Albin), faux éclusiers et faux restaurateurs à chaque étape: c'est parti pour une arnaque organisée de manière artisanale –et pour quelques aventures non prévues au programme…
Comédie sympathique
Le scénario de cette comédie sympathique est à la fois très simple mais truffé de petites trouvailles, plus ou moins réussies. "J’aime l’inattendu, les bifurcations", explique le réalisateur, Bruno Podalydès, 63 ans, frère aîné de Denis. "J’essaie d’écrire mes scènes dans l’instant, qu’elles fassent leur vie sans être trop assujetties au souci de respecter la progression dramatique. J’aime quand arrive dans une scène quelque chose d’un peu hors-sujet ou qui rompt le cours de ce qu’on envisageait".
C'est son 11e film, dans une filmographie qui a su tracer son sillon singulier, depuis Dieu seul me voit qui l'avait fait connaître en 1998 jusqu'au délicieux ADIEU BERTHE (2012), COMME UN AVION (2015) ou LES DEUX ALFRED (2020), sans oublier une incursion dans le film policier avec les adaptations des romans de Gaston Leroux Le MystÈre de la chambre jaune (2003) et Le Parfum de la dame en noir (2005).
Comme Pascal Thomas
Ses films, comédies légères et parfois décalées, qui mêlent intrigues sentimentales, histoires de famille et situations cocasses, font parfois penser, en plus loufoques, à ceux de Pascal Thomas, dans la veine de son récent dernier film LE VOYAGE EN PYJAMA.
Dans LA PETITE VADROUILLE, on voit un café-restaurant où le service est chanté, une hypnotiseuse en ligne, un gardien de musée habillé comme un officier russe qui accroche ses propres tableaux aux murs, une main articulée en carton qui attrape les billets des pourboires à chaque écluse, une fausse peintre qui vend ses tableaux grâce à un code-barres, un hamac en plastique qui se gonfle avec le vent…
Éloge de la lenteur
Le film prend son temps, manque de rythme, devient un éloge de la lenteur, à l'image de la péniche qui ne doit pas dépasser les 5 nœuds (10 km/h) pour protéger les berges du canal, et s'arrête aux écluses. Bercé par les chansons Santiano d'Hugues Aufray et Elle était si jolie d'Alain Barrière, c'est un divertissement parfois un peu poussif et à l'humour inégal, mais pas désagréable et au charme presque désuet malgré la minceur de l'intrigue.
Surtout, Bruno Podalydès montre bien qu'il refuse de se prendre au sérieux. Il dit avoir réalisé ce film avec "le plaisir d’aller pied au plancher, de ne surtout pas s’embêter avec la fameuse justesse, la vraisemblance. C’était drôle d’y aller à fond, en appuyant sur les accents, tous ces trucs très enfantins, pousser le bouchon quoi!".
Jean-Michel Comte
LA PHRASE
"C'est quoi, le masculin de chance?" (Sandrine Kiberlain). "Le cul" (Daniel Auteuil).
(France, 1h36)
Réalisation: Bruno Podalydès
Avec Daniel Auteuil, Sandrine Kiberlain, Denis Podalydès
(Sortie le 5 juin 2024)
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