Sombre histoire de briques noires
C'est une sombre affaire de briques noires aux vertus paranormales sur laquelle enquête une jeune journaliste dans une histoire qui vire au thriller psychologique puis à la science-fiction: dans le film australien MONOLITH (ce mercredi 24 juillet sur les écrans), le spectateur est envahi de doutes dans une atmosphère de mystère et de suspense.
La journaliste (Lily Sullivan), en disgrâce dans son journal après un reportage sensible, tente de relancer sa carrière en se tournant vers le podcast d'investigation, avec des enquêtes qu'elle propose à son rédacteur-en-chef. Son émission s'appelle Beyond Believable (au-delà du croyable) et s'intéresse à des événements mystérieux et à première vue inexplicables.
Après avoir reçu un mail anonyme titré "La vérité va sortir", elle est amenée à enquêter sur l'existence d'énigmatiques briques noires reçues par plusieurs personnes, qu'elle interroge au téléphone.
Mini-studio de radio
Âgée d'une trentaine d'années, elle habite (et travaille) chez ses parents partis en vacances en Europe: une grande maison à l'architecture futuriste, isolée et déserte avec baies vitrées, grandes pièces, aquarium avec tortue, terrasse et vaste jardin. Elle mène son enquête seule, au téléphone, enregistrant son podcast dans un mini-studio de radio.
Elle s'impose une éthique journalistique: s'en tenir aux faits. Mais ce que vont lui raconter ses interlocuteurs va l'intriguer de plus en plus. Et même la conduire à découvrir des faits cachés au cœur de son propre passé, 20 ans auparavant. Avec, toujours au centre de révélations ténébreuses, ces fameuses briques noires…
Suspense
Ce huis clos et la présence permanente et exclusive du personnage principal sont propices à l'installation d'une atmosphère lourde, intrigante, mystérieuse voire effrayante. Et le suspense monte. La tortue refuse de manger, les mégots s'amoncèlent dans le cendrier de la journaliste, seule et de plus en plus perplexe…
Rêves, cauchemars, hallucinations, imagination, complotisme, visions, psychoses collectives, angoisses, psycho-traumatismes: le spectateur voit défiler l'histoire et ses révélations, d'une manière parfois répétitive, en se posant des questions sans réponses.
Abracabrantesque
C'est angoissant, vertigineux et original mais, sur la fin, le thriller psychologique dérape et vire à la science-fiction et au fantastique, ou au métaphorique, voire au philosophique –ou au n'importe quoi. Abracabrantesque? C'est à vous de voir. Et de croire. Ou pas.
"MONOLITH explore les questions de la vérité, de la conspiration et du fait que chacun d’entre nous voit ce qu’il veut voir –et croit ce qu’il veut croire", explique le réalisateur australien, Matthew Vesely, dont c'est le premier long-métrage comme réalisateur après de nombreux fims et séries télé comme scénariste.
Distinguer le vrai du faux
Malgré sa fin un peu décevante après une heure de suspense et de tension, ce MONOLITH, singulier et habilement tourné, fait réfléchir sur les thèmes très actuels de la distinction entre le vrai et le faux et du On-nous-cache-quelque-chose, antienne récurrente des réseaux sociaux (bouche à oreille, fake news, rumeurs, gilets jaunes, anti-vaccins, platistes, complotistes, trumpistes et autres QAnon).
C'est ce qu'explique le réalisateur: "Notre conception de la vérité est qu’elle est immuable. Elle ne laisse aucune place à l’interprétation, à l’incompréhension ou à la manipulation. Mais avec les progrès technologiques, avec le développement exponentiel des communicants à travers le monde, la vérité est devenue de plus en plus malléable, de plus en plus impermanente".
Jean-Michel Comte
LA PHRASE
"Je veux vous raconter une histoire. Tout ce que vous avez à faire, c'est écouter" (voix off de la journaliste, au début du film).
Monolith
(Australie, 1h34)
Réalisation: Matthew Vesely
Avec Lily Sullivan
(Sortie le 24 juillet 2024)
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