C'est comme un flocon de neige: léger, agréable et charmant, ordinaire, sans grande consistance, vite oublié mais rafraîchissant. Délicat, le film japonais MY SUNSHINE (ce mercredi 25 décembre sur les écrans) raconte les premiers émois sentimentaux d'un jeune adolescent initié au patinage artistique.

Sur l’île d’Hokkaido, l’hiver est la saison du hockey pour les garçons. Mais Takuya (Keitatsu Koshiyama), qui a une quinzaine d'années, est davantage subjugué par la belle Sakura (Kiara Nakanishi), tout juste arrivée de Tokyo, qui répète des enchaînements de patinage artistique.

Hésitant et maladroit

Au baseball comme au hockey, Takuya est considéré comme nul par ses copains. Il bégaie, est hésitant et maladroit, effacé. Sakura, elle, est gracieuse et assurée, déterminée, excellente sur ses patins.

Son entraîneur, Arakawa (Sosuke Ikematsu), ancien champion de patinage, remarque la fascination qu'exerce la jeune fille sur le jeune garçon. Et décide d'apprendre à celui-ci le patinage artistique. Puis de les réunir tous les deux pour un duo de danse sur glace en vue de futures compétitions…

Deuxième film

Deuxième film du jeune réalisateur japonais Hiroshi Okuyama (28 ans), MY SUNSHINE fait référence à ses souvenirs et, comme le premier, JESUS (2018), histoire d'amitié entre un enfant de 10 ans et le Christ, décrit le monde de l'enfance et de l'adolescence. "J’ai appris que toute expérience pouvait faire un film. Par hasard, j’ai appris le patinage artistique quand j’étais enfant et j’en ai fait un film", dit-il.

Paysages enneigés, trains qui passent, petit chien dans sa niche, nuages au-dessus des maisons, flocons, grosse couche de neige sur les toits, puis le dégel: le film, avec un scénario minimaliste, est tendre et parfois maladroit –notamment dans la bande-son, et les scènes de patinage trop répétitives–, candide, touchant, avec un charme presque rétro (format carré, image un peu granuleuse, comme un film des années 70).

Pas de patin

Ce n'est pas vraiment une histoire d'amour entre les deux ados –réponse spoiler à la question qu'on pourrait se poser: non, ils ne se rouleront pas un patin… Mais cela décrit une relation à trois intéressante: "Ils sont étrangers les uns des autres, mais pour des raisons différentes, chacun d'entre eux éprouve un sentiment de solitude", dit le réalisateur. "Et je pense que la force d'attraction qui les réunit naît du fait qu'ils ressentent inconsciemment leur solitude réciproque. Les raisons pour lesquelles ils sont attirés les uns par les autres sont elles aussi différentes: le sentiment amoureux, l'admiration, l'image de l'autre que l'on superpose à celui qu'on a été autrefois".

Les deux jeunes acteurs s'en tirent plutôt pas mal, pour leurs débuts à l'écran. "Pour les rôles de Takuya et de Sakura, j’ai choisi des jeunes qui savaient patiner. Comme ils n’avaient pas d’expérience en tant qu’acteurs, je ne leur ai pas donné le scénario. Toutes les répliques leur ont été dictées sur le plateau, sans qu'ils les mémorisent à l'avance", explique Hiroshi Okuyama.

Homosexualité

Le film prend un peu de consistance vers la fin, quand Sakura découvre que son entraîneur Arakawa est homosexuel et lui demande, à propos de Takuya: "Ça vous amuse d'entraîner un garçon à un sport de filles?". L'acceptation de la différence dans la société japonaise est alors en question, mais sans que le réalisateur insiste trop, laissant la fin du film se dérouler alors doucement.

Récit d'apprentissage pour le jeune garçon (le patinage et les premiers émois, avant le dégel et le retour du printemps), MY SUNSHINE est un petit film japonais sans prétention, mineur, mais qui a quand même été présenté en sélection officielle au dernier Festival de Cannes, dans la section parallèle Un Certain Regard.

Jean-Michel Comte

LA PHRASE

"En danse (sur glace), c'est la glisse qui compte" (le prof, aux deux adolescents patineurs).

My Sunshine

("Boku No Ohisama") (Japon, 1h30)

Réalisation: Hiroshi Okuyama

Avec Sosuke Ikematsu, Keitatsu Koshiyama, Kiara Nakanishi

(Sortie le 25 décembre 2024)

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