Ça a un nom de médicament, donc à consommer avec modération: NOVOCAÏNE (ce mercredi 26 mars sur les écrans) est un film d'action survitaminé qui part d'une idée originale mais est vite gâché par des scènes de violence pure et dure.

Nathan (Jack Quaid), 30 ans, souffre d'une maladie rare, l'ICD: insensibilité congénitale à la douleur. Il ne ressent rien physiquement, ne peut rien manger d'autre que du liquide (il avalerait sa langue), se programme une alarme toutes les trois heures pour ne pas oublier d'aller uriner, et à l'école ses copains l'avaient surnommé Novocaïne.

Asocial, il passe ses soirées seul chez lui à jouer à des jeux vidéo une fois rentré de son travail comme directeur adjoint d'une agence bancaire de San Diego, en Californie. Sa vie devient moins terne quand Sherry (Amber Midthunder), une jeune femme récemment engagée comme guichetière, s'intéresse à lui.

Hold-up

Ils dînent, couchent ensemble, tombent amoureux. Mais tout se complique quand trois malfaiteurs commettent un hold-up dans la banque et, pour protéger leur fuite, emmènent la jeune femme en otage.

Nathan, habituellement timide et non-violent, veut retrouver Sherry et décide de profiter de son insensibilité à la douleur pour affronter tous les risques et se lancer à la poursuite des gangsters, emmené par un sale type violent et sans scrupules (Ray Nicholson). Problème: il est aussi pourchassé par la police, qui le croit impliqué dans le hold-up…

Cinquième film

C'est le cinquième film du duo de réalisateurs Dan Berk et Robert Olsen, inconnus en France et qui avaient fait jusqu'alors dans la science-fiction et l'horreur. Ici leur film part d'une idée originale (un anti-super-héros atteint d'ICD) et le rythme qu'ils y mettent fait qu'on n'a pas le temps de s'ennuyer: le cahier des charges habituel des honnêtes séries-B (otage-poursuites-cascades-bagarres-suspense-rebondissements) est rempli.

Les réalisateurs ont voulu mêler humour noir et violence brute. Pour le premier ingrédient on reste un peu sur sa faim, malgré les 52 blessures diverses infligées au personnage principal. Pour la violence en revanche, on est tellement servi que cela vire parfois au gore –et que le film est interdit aux moins de 10 ans en France.

Même pas mal

Certes on n'est pas dans un film de Rohmer, mais était-il nécessaire de filmer de manière si abrupte la fusillade sanglante lors du hold-up; en gros plans l'extraction d'une balle dans l'avant-bras au moyen d'un cutter ou l'arrachage d'ongles avec une pince; une main plongée dans une friteuse; ou l'un des personnages tuant son adversaire en lui enfonçant dans la gorge son radius (ou son ulna) après une fracture ouverte?

Même pas mal, semble dire sans arrêt Nathan quand il est victime de tous les assauts physiques, mais au bout de presque deux heures certains spectateurs pourraient se lasser de toute cette agressivité gratuite et crue. D'autant que le scénario du film pourrait participer aisément au championnat du monde des invraisemblances et des rebondissements bidons –dans lesquels l'histoire d'amour entre Nathan et Sherry figure en bonne place.

Fils à papa

Finalement, l'intérêt majeur de ce NOVOCAÏNE serait presque l'affrontement entre deux fils à papa: Jack Quaid, 32 ans, fils de Dennis Quaid et de Meg Ryan, dans le rôle du gentil; et Ray Nicholson, 33 ans, fils de Jack Nicholson et de l'actrice Rebecca Broussard, dans le rôle du méchant.

Si le premier a déjà une carrière plus intéressante (deux HUNGER GAMES, un BATMAN, un SPIDER-MAN, OPPENHEIMER et récemment COMPANION) que le second (séries TV, courts métrages et quelques seconds rôles), tous les deux ont encore du chemin à faire, en matière de charisme, avant d'arriver à la cheville de leurs géniteurs.

Jean-Michel Comte

LA PHRASE

"Si tu ne ressens pas la douleur, est-ce que cela veut dire que tu ne ressens pas le plaisir?" (Sherry à Nathan, avant de lui caresser le cou et de l'embrasser).

NovocaÏne

(États-Unis, 1h50)

Réalisation: Dan Berk et Robert Olsen

Avec Jack Quaid, Amber Midthunder, Ray Nicholson

(Sortie le 26 mars 2025)

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