Jamais trop tard pour tomber amoureux
L'amour n'a pas d'âge. C'est le message du réalisateur italien Gianni Di Gregorio, 74 ans, qui, dans son dernier film SECONDE JEUNESSE (ce mercredi 16 août sur les écrans), interprète lui-même un retraité qui tombe amoureux d'une grand-mère de son âge.
Astolfo, professeur à la retraite, doit quitter son appartement romain, expulsé par la propriétaire. Désargenté, il décide de retourner au village de ses ancêtres, pour habiter la vaste maison familiale abandonnée.
Demeure aux murs fissurés
Celle-ci est occupée depuis plusieurs années par un marginal, avec qui Astolfo se lie d'amitié. Un cuisinier à la retraite et un jeune sans emploi vont également partager ses journées, dans cette demeure aux murs fissurés et sans beaucoup de meubles mais avec des cheminées et une cuisine qui fonctionnent encore.
Le retour d'Astolfo au village est vu d'un mauvais œil par son voisin le curé et le maire du village, qui ont pris possession d'une partie de la maison et de ses terres plantées de chênes. Tous deux vont se liguer contre lui.
Veuve timide trois fois grand-mère
Tandis qu'il entame les démarches pour récupérer ses biens, le retraité est invité à déjeuner par son cousin Carlo, playboy vieux beau qui roule en décapotable Alfa-Roméo rouge. Celui-ci a des visées sur une femme riche qui, au restaurant, est venue elle aussi avec sa cousine Stefania (Stefania Sandrelli), une veuve timide, trois fois grand-mère.
Carlo pousse Astolfo, séparé de sa femme depuis plusieurs années, à faire la cour à Stefania. D'abord réticent, le retraité ose lui envoyer un texto. C'est le début d'une histoire sentimentale entre les deux septuagénaires…
Cinquième film
"J’avais peur de parler d’amour à cet âge. J’y pensais probablement depuis des années. J’ai fait des films où il y avait des petites histoires d’amour, mais surtout en rêve. Au lieu de cela, cette fois, je ne sais pas pourquoi, avec insouciance, comme un fou, j’ai osé le faire et cela me rend très fier", explique le réalisateur, dont c'est le 5e film.
Après une vingtaine d'années comme scénariste, il a connu un certain succès comme réalisateur avec son premier film, LE DÉJEUNER DU 15 AOÛT, en 2008. Acteur dans tous ses films, il a l'âge de Julien Clerc et de Francis Huster, et environ cinq ans de moins qu'Harrison Ford ou Robert De Niro –mais, comment dire, sans avoir tout à fait le même charisme et le même pouvoir de séduction.
Le charme de Stefania Sandrelli
Il est cependant fort sympathique, à l'image de son film simple, sensible, un peu poussif mais gentillet, loin des AVENGERS ou de BARBIE. Et il a eu la bonne idée de confier le rôle de la grand-mère à Stefania Sandrelli, 77 ans, dont les spectateurs de plus de 60 ans n'ont pas oublié le charme dans NOUS NOUS SOMMES TANT AIMÉS (1974) et qui, ici, apporte douceur et sérénité à son personnage.
Cet aimable film d'été sans prétention, chronique provinciale au scénario maigrelet mais aux personnages attachants, sent bon la campagne italienne, dans une atmosphère inspirée par des souvenirs du réalisateur: "Des éléments viennent de ma propre vie: j’ai une maison dans un petit village des Abruzzes. La dernière fois que j’y suis allé, avant le tremblement de terre, j’y ai passé les trois meilleurs mois de ma vie".
Jean-Michel Comte
LA PHRASE
"Le regret d'une chose qu'on n'a pas faite est un poids qu'on traîne toute sa vie" (le cousin Carlo, à Astolfo).
("Astolfo") (Italie, 1h31)
Réalisation: Gianni Di Gregorio
Avec Gianni Di Gregorio, Stefania Sandrelli, Alfonso Santagata
(Sortie le 16 août 2023)
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