Suspense multicouche
Trop de foie gras, d'huîtres et de dinde pendant les fêtes? C'est pareil pour l'un des premiers films de 2025: trop de rebondissements, d'invraisemblances et de couches de suspense rendent un peu indigeste le film policier SIX JOURS (qui sort ce mercredi 1er janvier sur les écrans).
C'est l'histoire d'une enquête inachevée. En septembre 2005, Malik (Sami Bouajila), inspecteur de police au commissariat de Roubaix, assiste impuissant à la mort accidentelle d’une fillette de 8 ans suite à un kidnapping. En charge de l’enquête, il échoue à retrouver le ravisseur.
Dix ans plus tard
Dix ans plus tard, six jours avant l'expiration du délai de prescription, un inconnu dépose une rose blanche sur les lieux du drame. La mère de la fillette, Anna (Julie Gayet), supplie Malik de rouvrir l'enquête et se propose de l'aider.
Grâce aux images de caméras de surveillance, à des traces de pneus et à divers autres détails, le policier se lance dans une course contre la montre pour résoudre l'enquête et retrouver le kidnappeur. Il ne lui reste que six jours…
Remake d'un film coréen
L'histoire de ce thriller, remake d'un film coréen de 2013 (MONTAGE), est située avant 2017, date à laquelle le délai de prescription pour certains crimes, comme un enlèvement entraînant la mort d'un enfant, est passé de 10 à 30 ans.
Le scénario reste assez classique jusqu'à mi-film, où il prend alors une direction inattendue: cela entretient le suspense, qui s'accumule et s'amplifie. Mais cette montée de la tension se fait au détriment de la vraisemblance de certains rebondissements et événements, trop nombreux et pas assez crédibles.
Deux films en un
"On a presque deux films en un, avec une intrigue qui vous désarçonne et qui va au-delà de sa promesse initiale", explique le réalisateur, Juan Carlos Medina, Franco-Américain de 47 ans qui a grandi en Espagne mais a fait ses études de cinéma en France.
L'épilogue finit de rendre extravagante cette histoire policière à laquelle Sami Bouajila, en flic taiseux et opiniâtre, et Julie Gayet, en mère revancharde, semblent avoir eux-mêmes du mal à croire –notamment dans les scènes de dialogues entre eux, qui ne sont pas les plus réussies du film.
Bonne dose de suspense
Il n'en reste pas moins qu'il y a une bonne dose de suspense, en plusieurs couches, auquel le spectateur peut se laisser prendre. "J’avais envie d’un film qui évoque le cinéma du Samouraï et de L’ArmÉe des ombres de Melville, ou d’Ascenseur pour L’Échafaud et du Feu Follet de Louis Malle, sans esbroufe, avec cette élégance épurée propre à ces films", dit –avec un peu d'esbroufe, quand même– Juan Carlos Medina, dont les deux premiers longs métrages, INSENSIBLES (2012) et GOLEM, LE TUEUR DE LONDRES (2018), ne sont pas passés à la postérité. Jamais deux sans trois?
Jean-Michel Comte
LA PHRASE
"C'est le genre d'affaires qui vous hante" (Sami Bouajila).
(France, 1h35)
Réalisation: Juan Carlos Medina
Avec Sami Bouajila, Julie Gayet, Anne Azoulay
(Sortie le 1er janvier 2025)
Retrouvez cet article, ainsi que l'ensemble de l'actualité culturelle (musique, théâtre, festivals, littérature, évasion)
sur le site