Deux vengeances pour le prix d'une, plus une histoire d'amour en prime, dans un film à suspense à l'atmosphère sombre et aux rebondissements multiples: ça vaut le prix d'un ticket de cinéma, non?

''Ça ne devait pas se passer comme ça'', dit dès le début, dans la pénombre de la nuit, Darcy, le meilleur copain de Victor (Colin Farrell). Plein de choses ne se passeront pas comme prévu dans toute cette histoire...

Victor est un tueur, l'un des hommes de confiance d'Alphonse, un caïd de New York. Depuis quelques semaines, une guerre des gangs se met en place, et un autre membre de l'entourage d'Alphonse est retrouvé mort dans un congélateur. D'un de ses poings fermés, un bout de papier dépasse, sur lequel on peut lire: ''719, maintenant tu réalises''.

Darcy se met en tête de retrouver le tueur, et tient Victor au courant de son enquête. Mais Victor a autre chose en tête: il a fait la connaissance d'une voisine qui habite l'immeuble d'en face, Béatrice (Noomi Rapace), une Française qui vit avec sa mère (Isabelle Huppert). Elle est jolie mais a la partie gauche du visage, la main et l'avant-bras couverts de cicatrices.

A leur premier rendez-vous, elle lui explique que ces blessures sont la conséquence d'un accident de voiture dont le responsable, un chauffard ivre, n'a pratiquement pas été inquiété par la justice. Et qu'elle veut se venger de lui: elle demande donc à Victor de le tuer.

Pour cela, elle le fait chanter, car elle sait qu'il est un tueur professionnel. Et elle en a la preuve. Ce qu'elle ne sait pas, c'est que lui aussi rumine une vengeance encore plus sombre. Et ce qu'elle ne sait pas non plus, c'est que peu à peu une histoire d'amour va naître entre eux deux...

Façon puzzle dont les spectateurs (et les personnages) découvrent les pièces les unes après les autres, c'est une histoire compliquée --et donc parfois cousue d'invraisemblances-- que raconte ce DEAD MAN DOWN, premier film américain (mais en dehors des grands studios hollywoodiens) du réalisateur danois Niels Arden Oplev.

Il était jusqu'à présent connu hors de son pays pour avoir réalisé le premier des trois adaptations scandinaves de la trilogie Millenium: MILLENIUM, LE FILM, en 2009 (les deux autres furent réalisés par Daniel Alfredson). A ne pas confondre avec l'autre adaptation, deux ans plus tard, MILLENIUM, LES HOMMES QUI N'AIMAIENT PAS LES FEMMES, réalisée par David Fincher.

Le scénario de DEAD MAN DOWN ''traite de mon thème favori: la rédemption'', dit-il. ''J'aime à croire que même lorsqu'on a perdu tout espoir, on peut avoir une seconde chance, se racheter et reprendre sa vie en main. C'est exactement ce qui arrive à Victor et Béatrice, qui ont tous les deux un passé douloureux''.

Pour interpréter ces deux âmes perdues qui se rapprochent dans des circonstances tragiques et énigmatiques, le réalisateur retrouve son actrice de MILLENIUM, Noomi Rapace, mystérieuse, forte et faible à la fois, joli nombril et rage rentrée. Colin Farrell, barbe de quatre jours, peu causant, gentil garçon mais terrible tueur, cache lui aussi un gros secret.

Dans cette histoire sombre, Isabelle Huppert et son accent français, en mère un peu fofolle, dure de la feuille et qui cuisine cookies et poulet au citron, apporte une note de fantaisie pour faire souffler le spectateur, entre deux scènes de suspense. Et au générique, la french touch se conclut par la chanson de Zaz Éblouie par la nuit --qui n'est pas la plus mauvaise manière, finalement, de résumer l'atmosphère de ce film singulier.

Jean-Michel Comte

LA PHRASE

''Merci de m'avoir rendu mon Tupperware. Beaucoup de gens ne le font pas. Comme si ça allait de soi: un Tupperware gratuit...'' (Isabelle Huppert à Colin Farrell, qui lui a rendu sa boîte en plastique dans laquelle elle avait mis des cookies qu'elle avait faits pour lui).

DEAD MAN DOWN

(Etats-Unis, 1h57)

Réalisation: Niels Arden Oplev

Avec Colin Farrell, Noomi Rapace, Isabelle Huppert

(Sortie le 3 avril 2013)