George Clooney à la chasse au trésor nazi
Michel-Ange, Leonard de Vinci, Rembrandt, Van Eyck, Vermeer: les dirigeants nazis aimaient les oeuvres d'art. La preuve, ils en ont dérobé des dizaines de milliers pendant la Seconde guerre
mondiale, dans les pays qu'ils ont occupés. Avant d'en brûler et d'en détruire une partie lors de leur débâcle.
C'est cette histoire vraie que raconte George Clooney dans MONUMENTS MEN, son cinquième film comme réalisateur. En 1944, les Américains envoient en Europe un commando de sept hommes avec une
mission inédite: rechercher, sauver et récupérer ces oeuvres d'art.
Frank Stokes (George Clooney), restaurateur d'art, a su convaincre le président Roosevelt et le général Einsenhower de la nécessité de cette mission, alors que les Alliés ont débarqué en Italie
et en France et font reculer les Allemands. ''Qui veillera à ce que David soit toujours debout et que Mona Lisa sourie toujours?'', leur dit-il.
Frank Stokes recrute donc six hommes, qui n'ont plus l'âge d'être soldats et n'ont jamais tué personne, mais qui partagent son désir de sauver l'art en pleine guerre: un artiste, un historien, un
sculpteur (John Goodman), un architecte (Bill Murray), un restaurateur de tableaux (Matt Damon), un marchand d'art français réfugié à Londres (Jean Dujardin).
Quand ils débarquent en Europe, ils sont mal accueillis par les combattants. Les chefs militaires, au front, ne leur facilitent pas la tâche et ne veulent leur accorder ni renforts ni protection:
''Vous me voyez écrire à une mère pour lui dire que son fils est mort pour avoir protégé un clocher?'', leur rétorque, en Normandie, un colonel américain à qui ils demandent de l'aide.
Et, de fait, Frank Stokes s'interroge, devant ses hommes: ''Quand tant de gens meurent, qui se soucie d'art?''.
Mais le commando ne se décourage pas. Il se rapproche du front pour traquer les Allemands qui ont volé et caché des tableaux et des oeuvres d'art par camions et trains entiers. Les sept hommes
enquêtent, en France, en Belgique, en Allemagne, en pleine avancée des troupes alliées et en pleine débâcle de l'armée allemande.
Ils vont être aidés par la conservatrice du musée du Jeu de Paume à Paris (Cate Blanchett) qui, sous couvert de collaboration avec l'occupant, a aidé la Résistance et a noté dans un cahier toutes
les oeuvres d'art dérobées.
Mais dans leur quête des trésors nazis, les ''Monuments Men'' vont devoir s'engager dans une double course contre la montre. A la fois contre les Allemands qui, dans leur retraite, brûlent les
tableaux plutôt que de les abandonner. Et contre les troupes russes qui, elles aussi, occupent peu à peu l'Allemagne et veulent récupérer ces oeuvres d'art à titre de compensation...
''L’histoire des Monuments Men est très peu connue. Ces hommes –des artistes, des marchands d’art, des architectes– étaient bien trop âgés pour être appelés sous les drapeaux ou pour se porter
volontaires. Mais ils ont accepté cette mission car ils refusaient de voir détruire la culture de toute une civilisation'', explique George Clooney.
''S’ils avaient échoué, six millions d’œuvres d’art auraient pu définitivement disparaître. Ils n’ont pas voulu laisser cela se produire –et ils ont réussi''.
Réalisateur, producteur, coscénariste et interprète du film, Clooney a romancé l'histoire et pris des libertés avec la réalité, tout au long du récit. Mais tout cela est basé sur des faits et des
personnages réels: celui qu'interprète Cate Blanchett, par exemple, est inspiré de la résistante Rose Valland, à l'époque conservatrice du musée du Jeu de Paume, décédée en
1980.
Pour son cinquième film comme réalisateur depuis 2002 (après CONFESSIONS D'UN HOMME DANGEREUX, GOOD NIGHT AND GOOD LUCK, JEUX DE DUPES et LES MARCHES DU POUVOIR), George Clooney a délibérément
tourné le dos au traitement dramatique de l'histoire et aux scènes de guerre, pour privilégier un ton plus léger, à la limite de la comédie, avec dialogues drôles et relations d'amitié entre les
membres du commando.
C'est ce genre de films de guerre grand public qu'il voulait faire: ''Il y a quelque chose de foncièrement romanesque dans ces films –prenez LA GRANDE ÉVASION, LES DOUZE SALOPARDS, LES CANONS DE
NAVARONE ou LE PONT DE LA RIVIÈRE KWAÏ par exemple. Ce sont des films dans lesquels on s’attache autant aux personnages et aux acteurs qu’à l’histoire– tous ces éléments ont un rôle aussi
importants'', dit-il.
Le résultat est un film un peu trop gentil, un peu trop lisse, un peu trop optimiste –même si l'émotion et certains rebondissements dramatiques y trouvent leur place. Mais un film impeccablement
réalisé, aux décors soignés et alignant une belle brochette d'acteurs.
C'est aussi un film pédagogique, qui apprendra pas mal de choses aux spectateurs, tant américains qu'européens. On y suit notamment, avec suspense et serrements de coeur, le sort du retable
L'agneau mystique de Gand et celui de la sculpture Madone à l'enfant de Bruges.
Cette chasse aux trésors volés par les nazis, entamée en 1944, est loin d'être terminée: en novembre dernier, on a appris l'existence de près de 1.500 toiles dans
l'appartement munichois du fils d'un dignitaire du IIIe Reich.
''Cela montre qu’il ne s’agit pas d’une histoire qui s’est achevée en 1945: la recherche de ces œuvres se poursuit encore aujourd’hui'', conclut George Clooney. ''Des milliers d’entre elles n’ont
pas encore été retrouvées''.
Jean-Michel Comte
LA PHRASE
''Quand tant de gens meurent, qui se soucie d'art?'' (George Clooney).
MONUMENTS MEN
(États-Unis, 1h58)
Réalisation: George Clooney
Avec George Clooney, Matt Damon, Bill Murray
(Sortie le 12 mars 2014)