Recruteur d'Élite
Il avait un métier dont rêveraient la majorité des hommes. Sur les écrans sort ce mercredi 29 un documentaire sur John Casablancas, le créateur de l'agence de mannequins Élite, qui passa sa vie entourée de jeunes et jolies filles. Dur métier…
CASABLANCAS, L'HOMME QUI AIMAIT LES FEMMES a été réalisé par Hubert Woroniecki, qui fit sa connaissance dans les années 80 et travailla comme agent de mannequins pour Élite de 1993 à 1997 avant de quitter le métier. Il a recueilli les derniers témoignages de John Casablancas avant la mort de celui-ci, en juillet 2013 à 70 ans, des suites d'un cancer.
John Casablancas lui-même commente en voix off les images, photos, dessins, interviews, extraits de presse et vidéos qui constituent ce documentaire permettant de mieux connaître celui qui révolutionna le métier de mannequin, en créant Élite en 1971 et en devenant le grand rival d'Eileen Ford, qui dirigeait à l'époque la plus grande agence du monde.
Sa grande idée fut de faire des mannequins des célébrités, et non plus seulement des visages et des corps anonymes sur les plateaux des défilés de mode ou en couverture des magazines. Il lança et géra ainsi la carrière de nombreux top-models ou les débaucha de chez Ford: Cindy Crawford, Iman, Stéphanie Seymour, Naomi Campbell, Linda Evangelista, Gisèle Bündchen, Karen Mulder, Christy Turlington, Inès Sastre, Christie Brinkley, Janine Dickinson, Paulina Porizkova, etc.
Ce Catalan né à New York et issu d'une famille aisée (études en Suisse, hiver à Gstaad, été à Cannes) était lui-même beau gosse et, avec sa moustache de séducteur, fit tomber dans ses bras les plus jolies femmes. Et très jeunes, pour la plupart: après un premier mariage avec une Française, Marie-Christine, il épousa un mannequin danois, Jeanette Christjansen, rencontrée en 1967 (elle avait 19 ans, lui 24), puis eut une liaison avec Stephanie Seymour de 1983 à 1986 (elle avait 16 ans, lui 40), avant d'épouser une candidate au concours de top-models, Aline Wermelinger, en 1993 (elle avait 17 ans, lui 50). Il eut au total cinq enfants.
Le documentaire est hagiographique, rendant hommage au charme et à l'esprit d'entreprise de cet homme sans chercher à découvrir la face cachée du personnage ou l'envers du décor, et n'évoquant que brièvement le documentaire de la BBC en 1999 qui dénonça certaines pratiques au sein d'Élite (abus sexuels sur mineurs, drogue, etc.). Mais le réalisateur assume ce choix d'avoir raconté l'histoire avec la collaboration de John Casablancas, car "seul son point de vue m’intéressait".
"Je n’avais pas envie de réaliser un documentaire classique qui pèse constamment le pour et le contre, mais de raconter une épopée de l’intérieur, l’ascension d’un homme, l’évolution d’une époque à travers lui. (…) Je ne suis pas un journaliste qui expose des faits mais un réalisateur qui aime les histoires. Celle de John est incroyable car elle s’ancre à la pop culture. J’ai une certaine empathie pour cet homme que j’ai trouvé drôle et vraiment pas idiot, même si je ne suis pas d’accord avec lui, même si je n’ai pas souhaité avoir la même vie. Pour moi, il a la dimension d’un héros de cinéma".
Jean-Michel Comte
LA PHRASE
"Cher Monsieur, votre fils a couché avec la bonne" (extrait de la lettre, adressée au père de John Casablancas, envoyée par le directeur de l'école privée de laquelle le jeune homme a été exclu).
CASABLANCAS, L'HOMME QUI AIMAIT LES FEMMES
("Casablancas The Man Who Loved Women") (France, 1h29)
Réalisation: Hubert Woroniecki
(Documentaire)
(Sortie le 29 juin 2016)