Vade retro, Satanas
C’est un film, lit-on au début sur l’écran, ’’inspiré de faits réels’’. Mouais…
En Irak, en 2010, deux soldats américains descendent dans une grotte mystérieuse, où des phénomènes étranges semblent se produire. Le spectateur, en ce début de film, a juste envie de leur dire:
’’Non, non, n’y allez pas…’’. Ils y vont quand même…
Trois ans plus tard, à New York, le sergent Ralph Sarchie (Eric Bana), flic dans le quartier du Brox, en voit des vertes et des pas mûres. La violence, la noirceur, le pire de la nature humaine
au quotidien.
Son travail et les difficultés psychologiques qui l’accompagnent l’accaparent tellement, corps et âme, qu’il en néglige la relation avec sa femme et leur petite fille.
Mais ce n’est rien à côté d’une nouvelle enquête qui l’attend, lui et son partenaire. Un homme violent, une femme qui a jeté son fils de deux ans aux lions, un homme étrange qui disparaît, une
maison hantée dans la cave de laquelle il retrouve un cadavre infesté de bêtes, un chat noir crucifié…
Tout cela le perturbe, bien au-delà de l’evolution de l’enquête. Des phénomènes bizarres et inexpliqués commencent à l’affecter lui-même: il entend des bruits, des rires d’enfants, une chanson
des Doors. Surmenage, hallucinations ou… plus grave?
Pour l’aider il va faire appel à un jeune prêtre mis au ban de l’Eglise (Edgar Ramirez), ancien alcoolique, ancien drogué, spécialiste de l’exorcisme. Qui lui explique: ’’J’ai eu affaire à deux
types de Mal dans ma vie: le Mal secondaire, celui engendré par les hommes, et le Mal originel, d’une nature totalement différente…’’
Le réalisateur, Scott Derrickson, n’est pas réputé pour l’humour, la gaité ou la légèreté de ses films puisque les précédents portent les titres aussi guillerets que L’EXORCISME D’EMILY ROSE en
2005 (avec Laura Linney), LE JOUR OÙ LA TERRE S’ARRÊTA en 2008 (avec Keanu Reeves et Jennifer Connelly)
et SINISTER en 2012 (avec Ethan Hawke et Vincent D'Onofrio).
Ici il s’est inspiré du livre de Ralph Sarchie, un policier new-yorkais, écrit il y a une douzaine d’années. ’’J’ai tout de suite senti qu’on pouvait en faire un très bon film’’, explique le
producteur, Jerry Bruckheimer, l’un des papes d’Hollywood depuis 40 ans (AMERICAN GIGOLO, TOP GUN, ARMAGEDDON, PIRATES DES CARAÏBES).
’’L’histoire était prenante, et en plus elle reposait sur des faits réels. Elle racontait comment un inspecteur coriace, issu d’un milieu modeste et travaillant dans un quartier dangereux à New
York, se rendait peu à peu à l’évidence: certains des événements sur lesquels il enquêtait n’avaient rien de normal’’.
Scott Derrickson explique de son côté que Jerry Bruckheimer ’’a eu dès le départ l’idée de mélanger le genre policier et le genre paranormal. (…) Le film n’est pas tiré d’une histoire vraie dans
le sens premier du terme, mais plutôt inspiré par diverses affaires paranormales relatées dans le livre de Ralph Sarchie, réunies en une seule et même histoire’’.
C’est peut-être pour cela que ce DÉLIVRE-NOUS DU MAL ressemble à un gloubi-boulga mystico-policier sans originalité, avec effets faciles, suspense lourd et artificiel, scènes violentes (parfois
carrément gore), phénomène paranormaux et séquence de désenvoûtement en six étapes (genre ’’L’exorcisme pour les Nuls’’).
Eric Bana et Edgar
Ramirez, deux beaux gosses chacun dans leur genre, nagent un peu dans toute cette soupe –on a envie de leur tendre une bouée, un crucifix, une main...
Et on a l'impression d'avoir déjà vu cela des dizaines de fois depuis 40 ans, depuis ce petit chef d'oeuvre d'horreur, en 1973, réalisé par William Friedkin: L'EXORCISTE, jamais égalé depuis.
Jean-Michel Comte
LA PHRASE
’’Vade retro, Satanas’’ (le prêtre exorciste, vers la fin du film).
DÉLIVRE-NOUS DU MAL
(''Deliver Us From Evil'') (États-Unis, 1h59)
Réalisation: Scott Derrickson
Avec Eric Bana, Edgar Ramírez, Olivia Munn
(Sortie le 3 septembre 2014)