Daniel Auteuil, César du cinéma français
''Il se peut que tu aimes la Marine française. Mais la Marine française te dit merde''.
Oui, elle est bien présente la fameuse réplique, comme toutes les autres (''Tu me fends le coeur'', ''L'honneur, c'est comme les allumettes, ça ne sert qu'une fois'', etc.) qui ont fait le charme
et la rénommée de MARIUS et FANNY, les classiques des années 30 tirés des pièces de Marcel Pagnol, dans les remakes qu'a réalisés Daniel Auteuil.
Dans ses deux films à lui, qui sortent simultanément ce 10 juillet sur les écrans français, cet amoureux de Pagnol a voulu respecter les textes, les personnages et l'histoire racontée: pas de
surenchère dans le folklore ou dans l'accent marseillais, ces MARIUS et FANNY 2013 sont de facture classique, presque modeste, avec des décors sans tape-à-l'oeil et sans rebondissement
inattendu.
On connaît l'histoire: Marius, qui travaille au Bar de la Marine tenu par son père César sur le Vieux-Port de Marseille, rêve de s'embarquer sur un bateau et de partir au loin. Fanny, la petite
vendeuse de coquillages, son amie d'enfance, est amoureuse de lui et c'est réciproque: il envisage de l'épouser et de fonder une famille.
Mais l'appel du large est trop fort, il s'en va et laisse Fanny seule derrière lui. La pôvre petite est enceinte de lui, et accepte d'épouser le riche commerçant Panisse, qui a 30 ans de plus
qu'elle, certes, mais s'occupera de l'enfant comme si c'était son fils.
Quand Marius revient après deux ans et demi, il découvre donc qu'il a un fils. Mais le vrai père, ''c'est celui qui donne la vie ou celui qui paye les biberons?''. (Vaste question en ces temps de
débats sur le ''mariage pour tous''...).
Après avoir fait l'acteur dans des oeuvres de Pagnol (JEAN DE FLORETTE et MANON DES SOURCES, de Claude Berri, en 1986, qui lui ont valu un César), c'est encore avec Pagnol que Daniel Auteuil fit ses débuts de réalisateur en 2011, avec LA FILLE DU PUISATIER.
Avec MARIUS et FANNY, il franchit un pas supplémentaire dans son hommage à l'auteur provencal, qui sera complété l'an prochain par CÉSAR, le dernier volet de cette ''Trilogie
marseillaise''.
''Il y en a qui passent leur vie au théâtre avec Tchekhov ou Molière'', expliquait Daniel Auteuil dans une interview au Journal du Dimanche. ''C'est une étape dans mon parcours de
metteur en scène. J'avais besoin de ça. Pagnol dit des choses que j'avais envie d'exprimer. Qui correspondent à ce que je suis, qui parlent des relations parent-enfant, des liens du sang et de
ceux du coeur''.
S'il s'est donné le rôle tutélaire de César –avec pas mal de kilos supplémentaires pour cela--, Daniel Auteuil a confié les personnages principaux à deux jeunes acteurs peu connus, Raphaël Personnaz et Victoire Bélézy.
Ils sont plutôt convaincants et tout à fait charmants.
A leurs côtés, Jean-Pierre Darroussin (en Panisse) et Marie-Anne Chazel (en mère de Fanny), une fois passé la surprise de leur accent marseillais, apportent toute leur gouaille et leur émotion à
ces deux films qui, fidèles au texte original de Pagnol, en donnent une nouvelle version agréable, réussie et qui, sans les dépasser, supporte la comparaison avec les MARIUS et FANNY
qu'interprétaient en leur temps, il y a 80 ans, Raimu, Pierre Fresnay et Orane Demazis.
Jean-Michel Comte
LA PHRASE
''Imbécile! Ça dépend de la grosseur des tiers!'' (César, à son fils Marius qui lui explique qu'il ne peut pas y avoir quatre tiers dans le cocktail maison
curaçao-citron-picon-eau).
MARIUS
FANNY
(France, 1h33 et 1h42)
Réalisation: Daniel Auteuil
Avec Daniel Auteuil, Raphaël Personnaz, Victoire Bélézy
(Sortie le 10 juillet 2013)