Mon père ce héros (ou presque)
C'est une double histoire de famille. Dans FLAG DAY (ce mercredi 29 septembre sur les écrans), son sixième film comme réalisateur, Sean Penn confie le rôle principal à sa fille Dylan, en adaptant un livre autobiographique d'une journaliste racontant ses relations avec son père.
Le livre, Flim-Flam Man, publié en 2004, a été écrit par une journaliste américaine renommée, Jennifer Vogel. Elle y raconte sa vie et ses rapports tumultueux avec son père John Vogel, considéré dans les années 80/90 comme l’un des plus grands faussaires et braqueurs de banques, reconnu coupable d'avoir imprimé 22 millions de faux dollars.
Pour la première fois, Sean Penn est acteur dans un film qu'il réalise. Il voulait confier le rôle à Matt Damon mais finalement interprète ce personnage hors du commun, John Vogel. Le film commence en 1992 mais a recours à de nombreux flash-back et revient très vite en 1975, avec un Sean Penn au visage rajeuni.
Enfance heureuse et tourmentée
En voix off, Jennifer raconte son enfance, à la fois heureuse et mouvementée, aux côtés de son petit frère Nick. Leur père, entre absences régulières, disputes avec leur mère alcoolique et amour sincère pour ses deux enfants, est déjà un mythomane et menteur invétéré.
Cela n'ira pas en s'arrangeant, au fil des années qui verront Jennifer grandir et son père continuer ses affaires louches. Tous deux vont se rapprocher, s'éloigner, se rapprocher de nouveau, le père tentant d'apprivoiser sa fille, celle-ci tentant de lui pardonner ses frasques et de l'aimer comme il est, malgré ses défauts, malgré ses frasques, malgré ses mensonges…
Double déclaration d'amour
Le film souffre parfois d'un excès de sentimentalisme mais est une double déclaration d'amour filial. La première est celle de l'histoire vraie, celle de Jennifer Vogel, aux sentiments ambigus envers un père attachant mais égocentrique, aimant mais toxique, heureux de vivre et charismatique mais mythomane et menteur.
La seconde déclaration d'amour est celle de l'interprétation et du beau rôle que Sean Penn a offert à sa fille Dylan, 30 ans, qu'il a eue pendant sa liaison d'une vingtaine d'années avec l'actrice Robin Wright. Il a également donné un petit rôle (celui du petit frère, Nick) à son fils Hopper, 27 ans, et tous les trois étaient réunis à Cannes pendant le dernier Festival pour lequel le film était en compétition.
Sean Penn fier de sa fille
"Dylan est une bête de vérité qui nous a tous impressionnés dès le premier jour", dit le papa. "Travailler avec elle m’a apporté une dose quotidienne de fierté. Ce fut vraiment passionnant. Hopper, quant à lui, est un de ces acteurs… Vous pointez la caméra sur lui, et elle en tombe amoureuse. Il a une présence très tendre".
"Le plus bel espoir d'un homme, c'est de laisser quelque chose de beau, quelque chose qu'il a faite", fait dire à son personnage l'acteur-réalisateur dans le film: une phrase qui peut s'appliquer à la fois à John Vogel et à Sean Penn, exprimant la fierté d'avoir laissé une trace –sa fille, Jennifer pour l'un et Dylan pour l'autre.
Mais au fait, pourquoi ce titre, FLAG DAY? Parce que le 14 juin est aux États-Unis le "Jour du Drapeau", qui commémore l'adoption du drapeau des États-Unis, suite à une résolution du Congrès en 1777. Et dans le film, le 14 juin est l'anniversaire de John Vogel, qui aimait faire des fêtes avec sa famille ce jour-là, mais symbolise aussi le rêve américain, la réussite individuelle, la puissance du dollar.
Jean-Michel Comte
LA PHRASE
"Ton père est un menteur" (la mère, à sa fille Jennifer).
Flag Day
(États-Unis, 1h48)
Réalisation: Sean Penn
Avec Sean Penn, Dylan Penn, Josh Brolin
(Sortie le 29 septembre 2021)
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