Clovis Cornillac fait son Tour
La 100e édition du Tour de France s'élancera le 29 juin de Porto-Vecchio, en Corse. Mais le prologue est prévu à partir de ce mercredi 12 juin sur les écrans: c'est Clovis Cornillac qui ouvre la route aux coureurs.
Dans LA GRANDE BOUCLE, il interprète un fan de vélo qui, au début de l'histoire, juste avant le départ du Tour, perd à peu près tout: l'amour de sa femme (il doit sacrifier leurs vacances, elle part sans lui), l'estime de son fils (il a du mal à communiquer avec cet ado trop vite grandi), la confiance en lui-même (d'un coup il se sent seul et désemparé), ...et son emploi chez Sport-2000, l'un des sponsors de l'épreuve.
Alors, avec son vélo de compétition, il décide de faire son Tour de France à lui. La veille de chaque étape, il fait le parcours qu'emprunteront les coureurs. D'abord seul, il est rejoint par d'autres et, grâce à la télé, devient vite un phénomène populaire. On l'acclame sur les routes, sa renommée s'amplifie chaque jour.
Un directeur sportif (Bouli Lanners), qui a trempé dans des affaires de dopage, voit là une occasion de se racheter et le prend sous son aile. Un spectateur du Tour (Bruno Lochet), qui suit les étapes avec sa femme néerlandaise et leur fille, l'héberge dans son camping-car. Mais tout cela ne plait pas au Maillot Jaune de l'épreuve (Ary Abitan), un Italien jaloux de sa notoriété soudaine et qui va essayer de lui mettre des bâtons dans les roues...
''Le Tour c'est merveilleux, mais ce n'est qu'une toile de fond pour mon histoire'', explique le réalisateur, Vincent Tuel. ''Je voulais parler de solidarité, d'entraide dans l'adversité, dire que nous avons besoin des autres. C'est ce thème qui m'a guidé dans la réalisation de ce projet''.
Les décors sont un peu cheap, les acteurs en font parfois des tonnes, et le film n'aura sans doute pas le César du meilleur scénario. Mais on n'a pas envie de dire du mal de cette GRANDE BOUCLE sympathique, sans prétention, entre comédie et fable, qui balance entre beaux paysages de France et moments intimistes, vague suspense du scénario et émotions familiales.
Le film, hommage respectueux au Tour de France, s'est fait en collaboration avec ASO, la société organisatrice, qui a autorisé le réalisateur à tourner des séquences dans cinq étapes de l'épreuve de l'an dernier. Il y a des images d'archives, des airs de Marcel Amont, des spectateurs sur le bord des routes, Nelson Monfort parodique dans son propre rôle, la Patrouille de France, et quelques invités surprises, en fin de film --on vous laisse les découvrir.
La morale de l'histoire? ''Ce qui est important ce n'est pas d'arriver au bout de son rêve, mais de tenter le plus honnêtement possible d'y parvenir'', dit Laurent Tuel, réalisateur notamment en 2005 de JEAN-PHILIPPE, dans lequel Fabrice Luchini rencontrait le sosie de Johnny Hallyday.
Dans cette GRANDE BOUCLE, il a su rendre attachant ses personnages, de Bouli Lanners à Bruno Lochet en passant par Elodie Bouchez (l'épouse) et Ary Abitan (qu'on a vu récemment dans HÔTEL NORMANDY).
Quant à Clovis Cornillac, il est crédible dans son rôle qui, outre deux mois de tournage, a nécessité une préparation de trois mois à raison de trois heures et demie de vélo quotidiennes, avec un coach. ''En cinq mois, j'ai parcouru 5.500 kilomètres'', raconte-t-il. ''J'ai escaladé à ma main les cols de la Madeleine, du Tourmalet et de l'Aubisque, j'ai gravi le Mont Ventoux. J'ai fait un contre-la-montre de 53 kilomètres dans la roue de Bernard Hinault à 37km/h de moyenne''. En somme, un vrai Tour... de force.
Jean-Michel Comte
LA PHRASE
''T'as quitté la Terre, ou quoi?'' (Un rappeur célèbre, en fin d'histoire, quand Christophe Cornillac, croyant bien faire, prend congé de lui en lui disant ''Salut, bouffon!'').
(France, 1h38)
Réalisation: Laurent Tuel
Avec Clovis Cornillac, Bouli Lanners, Elodie Bouchez
(Sortie le 12 juin 2013)