L'hommage de Clint Eastwood aux vrais héros du Thalys
Ils s'appellent Anthony Sadler, Alek Skarlatos et Spencer Stone. Ces trois touristes américains, qui ont déjoué un attentat dans le train Thalys Amsterdam-Paris le 21 août 2015, jouent leur propre rôle dans le film de Clint Eastwood qui raconte le drame, LE 15H17 POUR PARIS.
Ce vendredi-là, Anthony Sadler, 23 ans, étudiant à l'Université de Californie, et Spencer Stone, 23 ans, membre de l'US Air Force, quittent Berlin pour retrouver à Amsterdam Alek Skarlatos, 22 ans, soldat de la Garde nationale de l'Oregon. Les trois copains, en vacances en Europe, prennent le train de 15h17 pour Paris.
Dans ce Thalys 9364, il y a plus de 500 passagers. Vers 17h50, peu après l'entrée du train sur le territoire français, un terroriste islamiste marocain de 26 ans, Ayoub El Khazzani, monté à bord à la gare de Bruxelles, sort des toilettes du train et commence à ouvrir le feu. Il est armé d'un pistolet automatique Luger, d'un fusil d’assaut AKM, de neuf chargeurs de 30 cartouches, d'un cutter et d'une bouteille d'essence.
Deux premiers passagers tentent de le maîtriser et l'un d'eux est grièvement blessé. Le tireur continue sa route, dans le but de commettre un massacre. C'est dans la voiture-12, alors qu'il tente à nouveau d'ouvrir le feu, qu'il est maîtrisé à mains nues par les trois touristes américains…
"Ça n’a pas été un choix conscient de ma part que de raconter des récits héroïques ou de faire des films sur les héros du quotidien", explique Clint Eastwood, 87 ans, dont les deux derniers films, SULLY et AMERICAN SNIPER, étaient tirés d'histoires vraies et évoquaient le destin d’hommes tout à fait singuliers. "Je me consacre aux histoires qui se présentent et m’intéressent. Certains exploits sont non seulement exceptionnels mais aussi bénéfiques pour la société, et c’est bien de pouvoir raconter ce genre d’histoires".
Le réalisateur, qui a adapté le livre des trois héros publié en janvier 2017, a voulu montrer comment des hommes ordinaires peuvent accomplir des actes extraordinaires. Le film s'attache à leur parcours et revient sur la série d'événements improbables qui les ont amenés à se retrouver à bord de ce train. Tout au long de cette terrible épreuve, leur amitié est restée inébranlable, une amitié qui leur a permis de sauver la vie des 500 passagers…
Mis à part les premières séquences constituées de gros plans du terroriste et quelques flashes sur les premières fusillades, les événements du Thalys n'occupent que les 20 dernières minutes de ce film d'une heure et demie. L'essentiel est consacré à un portrait des trois héros, depuis leur rencontre à l'école chrétienne de Sacramento où ils étaient des élèves dissipés (trois enfants interprètent leurs rôles) jusqu'à leurs vacances en Europe lors de cet été 2015 (Rome, Venise, Berlin, Amsterdam), en passant par la description de leur jeunesse et du début de leur vie d'adultes (mères divorcées, enfants jouant à la guerre, déménagements, boulot dans un fast-food, études au lycée, engagement dans l'armée, mission en Afghanistan, soirées bière-burger-match à la télé, amitié forte et fidèle entre les trois).
Les trois hommes se débrouillent très bien devant la caméra et ne donnent jamais l'impression d'être des acteurs amateurs –notamment le plus costaud des trois, Spencer Stone, très à l'aise et épatant de naturel dans toutes les scènes. Cela met en valeur l'excellente direction d'acteurs de Clint Eastwood, qui a réalisé un film marqué par la précision, la sobriété et l'émotion.
Anthony Sadler, Alek Skarlatos et Spencer Stone ont été décorés de la Légion d'honneur par le président François Hollande à Paris quelques jours après leur acte de bravoure. Le film se termine par une reconstitution de la scène, avec des images réelles d'actualité qui constituent l'un des moments les plus émouvants du film.
"Ces trois jeunes se sont vraiment montrés à la hauteur des enjeux et leurs décisions ont eu un impact considérable sur la vie d’un très grand nombre de gens", explique Clint Eatwood. "Au cours des auditions, on a vu passer beaucoup de très bons acteurs, mais je n’arrêtais pas de penser à eux et je me suis dit: +pourquoi ne pas faire quelque chose d’inattendu?+ Finalement, un jour, je leur ai demandé s’ils seraient prêts à jouer leur propre rôle".
Jean-Michel Comte
LA PHRASE
"T'as jamais l'impression que la vie te propulse vers un but qui te dépasse?" (Spencer Stone à Anthony Sadler, à Venise).
("The 15:17 to Paris") (États-Unis, 1h34)
Réalisation: Clint Eastwood
Avec Spencer Stone, Alek Skarlatos, Anthony Sadler
(Sortie le 7 février 2018)