Réussite scolaire
Jusqu'où un enseignant peut-il aller pour assurer la réussite scolaire de son fils? Roschdy Zem se pose la question (et y répond) dans LE PRINCIPAL, le film dont il est la tête d'affiche, du réalisateur Chad Chenouga (ce mercredi 10 mai sur les écrans).
Sabri Lahlali, principal adjoint d’un collège de quartier, aime son métier et s'entend bien avec la plupart de ses collègues, dont sa supérieure (Yolande Moreau) avec qui il partage la passion des livres. Il est attentionné avec les élèves en difficulté, sévère mais juste, rigoureux et intègre, promis à une promotion.
Le même collège
Il est séparé de son ex-femme Noémie (Marina Hands), chez qui vit leur fils de 14 ans, Naël, mais entretient de bons rapports avec eux. Tous deux fréquentent le même collège que lui: Noémie comme prof et Naël comme élève.
Pour Naël, c'est l'année du brevet. C'est un bon élève mais son père veut les meilleures notes pour lui, la réussite scolaire, l'ascension sociale qu'il a lui-même connue. Et pour que son fils passe avec succès cette épreuve du brevet, le principal adjoint va avoir une idée qui n'est peut-être pas la meilleure de sa carrière…
Autobiographique
"Je m’aperçois que je me suis inspiré de moi-même, en ôtant la fantaisie que je peux avoir...", explique le réalisateur, 63 ans, dont c'est le troisième film. Les deux premiers (17, RUE BLEUE en 2001 et DE TOUTES MES FORCES en 2017) étaient déjà en partie autobiographiques. Né de père inconnu et d'une femme algérienne installée en France, Chad Chenouga a été placé dans un foyer à la mort de celle-ci, quand il était adolescent, et a dû jouer des coudes pour se faire un chemin dans la vie.
À travers le personnage interprété par Roschdy Zem et les réflexions sur l'éducation, le film parle donc intégration, méritocratie, ascenseur social, revanche sur la société, mensonge, filiation et liens familiaux, transmission. Homme solitaire, le principal adjoint n'oublie pas ses origines et doit notamment s'occuper de son frère, paumé et marginal, sous tutelle, qui n'a pas toute sa tête et avec qui il joue gentiment au ni-oui-ni-non sur la tombe de leur mère musulmane.
Des fêlures sous la carapace
Ce personnage ni sympathique ni antipathique révèle peu à peu quelques fêlures sous sa carapace, dans des séquences parallèles et inattendues (avec sa supérieure, son ex-femme, son frère) qui n'ont pas de rapport avec l'intrigue principale mais dressent un portrait contrasté. Dans ce rôle Roschdy Zem (César 2020 du meilleur acteur pour ROUBAIX, UNE LUMIÈRE et formidable l'an dernier dans LES ENFANTS DES AUTRES et L'INNOCENT) est magistral et occupe pratiquement toutes les scènes.
Le film, dès le début, s'éloigne du ton de la comédie et a des airs de chronique sociale voire intimiste, mais sans prendre une tournure dramatique. Et l'on ne sait pas trop sur quel pied danser, dans cette histoire banale mais ambiguë, à l'image de la fin peu explicite voulue par le réalisateur: "J’aime bien ça parce que le dénouement renvoie à des questions personnelles, à notre rapport aux autres, à notre sentiment de solitude". Et c'est cela le principal.
Jean-Michel Comte
LA PHRASE
"Je sais que parfois je suis pénible. Mais j'ai envie de changer" (Roschdy Zem, à son ex-femme Marina Hands).
(France, 1h22)
Réalisation: Chad Chenouga
Avec Roschdy Zem, Yolande Moreau, Marina Hands
(Sortie le 10 mai 2023)
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