Film délicat et joli rôle pour Pascal Demolon
Confronté à la maladie de sa mère, un adolescent apprend à grandir plus vite et à s'ouvrir aux autres: c'est le sujet grave, mais raconté avec pudeur et délicatesse, du film LE RIRE DE MA MÈRE.
Adrien, garçon taciturne d'une quinzaine d'années, timide, qui préfère observer qu'agir, n’a pas la vie facile. Il est perturbé par la séparation de ses parents, même si cela se passe plutôt bien: son père (Pascal Demolon), patron d'un vidéoclub, et sa mère (Suzanne Clément), secrétaire de direction, ont gardé de la tendresse et du respect l'un pour l'autre. Et tous les deux l'aiment et le protègent, l'incitant à s'exprimer davantage et à ne pas s'enfermer.
Son père vit désormais avec une femme plus jeune (Sabrina Seyvecou), artiste peintre, elle aussi pleine de bienveillance pour la mère d'Adrien, et qui fait tout pour bien s'entendre avec lui. Adrien s'inscrit à un cours de théâtre pour se rapprocher d'une jeune fille dont il est tombé amoureux. Et puis, un jour, presque par hasard, il apprend que sa mère souffre d'un cancer…
L'histoire aurait pu donner un film mélodramatique et susciter facilement l'émotion du spectateur. Mais le couple de réalisateurs, Colombe Savignac et Pascal Ralite, dont c'est le premier film, a voulu éviter cet écueil. "On a conçu notre film comme un hymne à la vie", expliquent-ils, précisant qu'il s'agit d'une histoire tirée de leur vie personnelle. "Notre collaboration est née d’un événement douloureux que nous avons vécu. On a eu envie de réfléchir ensemble à cet épisode de notre vie commune: comment faire le deuil des gens qu’on aime? Et plus précisément comment un enfant se construit à travers cette épreuve?"
C'est donc raconté avec finesse, sans exagérer le côté dramatique de l'histoire, en privilégiant des moments d'humour et des scènes dans lesquelles les personnages parlent d'autre chose que de la maladie, vivent leur existence comme si de rien n'était, rient et pleurent comme tout le monde –et notamment cet ado qui apprend le courage au quotidien.
La réussite du film tient donc à ce ton délicat, bien servi par des acteurs formidables. L'adolescent Adrien est incarné par Igor Van Dessel, remarqué dans le rôle de Louis XV jeune dans le film L'ÉCHANGE DES PRINCESSES actuellement à l'affiche. La superbe actrice québécoise Suzanne Clément, qui s'est fait connaître des spectateurs français par ses rôles dans les films de Xavier Dolan LAURENCE ANYWAY (2012) et MOMMY (2014), crève l'écran et fait vivre et vibrer le personnage de la mère, explosive et émouvante.
Mais c'est Pascal Demolon, pudique et subtil bien dans le ton du film, qu'on apprécie le plus, dans un rôle enfin à la mesure de son talent, différent des comédies dans lesquelles il a l'habitude de jouer –comme BABY PHONE, l'an dernier. "On adore ce comédien depuis longtemps", déclarent Colombe Savignac et Pascal Ralite. "Quel que soit le personnage qu’il joue, il dégage une émotion incroyable. Mais on regrettait que sa fragilité et son humanité n’aient pas encore été exploitées dans des rôles plus graves. On lui a envoyé notre scénario. Il a répondu oui tout de suite. À l’écran, son humanité est impressionnante. C’est un acteur à fleur de peau qui nous a beaucoup touchés dans son interprétation".
Jean-Michel Comte
LA PHRASE
"On est obligé de se disputer quand on s'aime?" (Adrien). "C'est quand on ne se dispute plus qu'on ne s'aime plus" (sa mère).
(France, 1h32)
Réalisation: Colombe Savignac et Pascal Ralite
Avec Suzanne Clément, Pascal Demolon, Sabrina Seyvecou
(Sortie le 17 janvier 2018)