Le justicier masqué du Far West
Des justiciers masqués, le cinéma américain n'est manque pas. Qu'ils aient ou non des pouvoirs surnaturels, ils ont combattu le Mal
et l'injustice depuis des décennies: Zorro, Batman, Spider-Man, Captain America, The Phantom, The Spirit, The Green Hornet, V pour Vandetta...
Il en est un dont la renommée, cependant, a eu du mal à s'exporter, alors qu'il fait partie intégrante de la culture américaine: le Lone Ranger, justicier du Far West, débarque sur les écrans
français.
Grosse production Disney de l'été, LONE RANGER, NAISSANCE D'UN HÉROS est inspiré d'un personnage créé à la radio en 1933 et repris dans une série télé en noir-et-blanc au début des années 50, qui
a ensuite donné lieu à deux adaptations au cinéma en 1956 et 1958.
Aujourd'hui c'est Gore Verbinski qui, comme l'on dit aujourd'hui, ''revisite le mythe''. Il retrouve pour cela Johnny Depp, son complice de PIRATES DES CARAÏBES (dont a réalisé les trois premiers
épisodes).
Mais le beau Johnny n'est pas le Lone Ranger. Il laisse le rôle à Armie Hammer, physique avantageux lui aussi, qui
s'était fait connaître dans J.EDGAR aux côtés de Leonardo
DiCaprio.
C'est le rôle de son acolyte, l'Indien Tonto, qu'a pris Johnny Depp, en lui donnant davantage d'épaisseur que dans l'histoire originale et en tentant, notamment, de rendre aux Indiens l'honneur
qu'ils ont beaucoup perdu depuis un siècle au cinéma.
Dans le Far West de la fin du XIXème siècle où l'avancée du chemin de fer oeuvre à l'unification du pays, John Reid, un avocat passé dans l'illégalité pour venger son frère (et qui devient donc
le Lone Ranger), et son nouvel ami Tonto, un Indien échappé de peu à la pendaison, vont se lancer à la poursuite d'un assassin à la tête d'une bande de malfaiteurs.
Mais, sur leur chemin, ils vont croiser d'autres motifs d'indignation et d'occasions de jouer de la gâchette (ou de la machette, ou du bâton d'explosif)...
Comme dans PIRATES DES CARAÏBES, Johnny Depp a beaucoup fait travailler les maquilleuses, et il reprend ici les intonations pince-sans-rire et l'humour froid de son personnage
de Jack Sparrow. Parmi les seconds rôles, Helena Bonham Carter, en truculente tenancière de saloon, et Silver, un cheval blanc aux capacités insoupçonnées, apportent au film une fraîcheur que
viennent un peu plomber les trop nombreux effets spéciaux et cascades en tous genres.
Car Gore Verbinski, entre deux séquences intimistes ou humoristiques, s'est fait plaisir avec des scènes d'action, des poursuites spectaculaires et des fusillades à n'en plus finir, dans les
grands espaces de l'Ouest américain. C'est diverstissant et plutôt bien fait, mais un peu long: deux heures et demie, cela aurait mérité qu'un justicier masqué vienne, dans la salle de montage,
couper un peu de superflu.
Jean-Michel Comte
LA PHRASE
''La Nature a perdu l'équilibre'' (Johnny Depp, à plusieurs reprises).
LONE RANGER, NAISSANCE D'UN HÉROS
(''The Lone Range'') (États-Unis, 2h29)
Réalisation: Gore Verbinski
Avec Johnny Depp, Armie Hammer, Helena Bonham Carter
(Sortie le 7 août 2013)