Sorcière bien-aimée
Superman, Batman, Spider-Man, Captain America, Wolverine, Terminator, RoboCop, James Bond... Il n'y a pas que les super-héros qui ont droit à leurs ''prequels'' ou ''reboots'', ces films qui
reprennent l'histoire à zéro ou qui racontent ce qui s'est passé avant.
A leur tour les studios Walt Disney ''revisitent'' –comme on dit maintenant– l'un des personnages les plus méchants de leurs dessins animés, celui de Maléfique, la sorcière qui condamne la
princesse Aurore au sommeil éternel, dans LA BELLE AU BOIS DORMANT.
L’année 2014 marque le 55e anniversaire de l'apparition de cette sorcière qui a jeté ce terrible sort à la jeune princesse, dans le film d’animation de 1959. Depuis lors, Maléfique est la plus
populaire des méchantes Disney.
Mais il y a beaucoup à apprendre sur elle. Pourquoi a-t-elle débarqué ainsi à la naissance d'Aurore, accompagnée de son corbeau noir et de sa méchanceté sans limite? C'est Angelina Jolie qui
reprend le rôle, dans un film en prises de vues réelles (et en 3D), et non plus en dessin animé.
La princesse Aurore vient de naître chez le couple royal. Quand Maléfique arrive, elle lui jette un sort: ''Avant le coucher du soleil le jour de son 16e anniversaire, elle tombera dans un
sommeil éternel''.
C'était presque la même menace dans le dessin animé de 1959, à un détail près: ''Avant l'aube de ses 16 ans, elle se
piquera le doigt à la pointe d'une quenouille et en mourra'', avait-elle dit. Une des trois fées penchées sur le berceau de la princesse, Pimprenelle, avait transformé la condamnation à mort en
sommeil de 100 ans –avec remise de peine via un baiser de prince charmant.
Mais pourquoi tant de haine de la part de Maléfique? Eh bien voici l'explication. A l'origine, c'était une très belle jeune fée au cœur pur, menant une existence idyllique dans une forêt
enchantée, mais convoitée par les hommes. Jusqu'au jour où une armée d'humains menace l'harmonie de son univers.
Maléfique devient alors la protectrice la plus acharnée de son pays, mais une terrible trahison va faire d'elle une femme au cœur de pierre –une sorcière. Jurant de se venger, elle va lancer sa
malédiction sur la fille du roi, Aurore, qui vient de naître.
Mais tandis qu'Aurore grandit, Maléfique a de plus en plus de mal à détester cette jeune fille bien différente des autres humains…
On ne naît pas méchant, on le devient: c'est le message principal du film. Et ''le thème central de l’histoire est celui de l’amour et de la multitude de manières dont il peut s’exprimer'',
ajoute la scénariste, Linda Woolverton.
Car ''il n’y a pas que le grand amour. L’amour peut avoir de multiples visages. Il peut endurcir ou changer les êtres, il peut aussi être une planche de salut. Chaque relation dans le film
illustre une facette de l’amour, et cet amour peut bien ou mal tourner''.
Les studios Disney ont confié la réalisation de MALÉFIQUE à Robert Stromberg, chef décorateur oscarisé à deux reprises pour AVATAR (de James Cameron) et ALICE AU PAYS DES MERVEILLES (de Tim
Burton), et qui signe ici son premier film comme réalisateur.
''Il était essentiel que le public ne découvre pas seulement ce personnage classique sous un nouveau jour, mais qu’il comprenne aussi comment est née l’histoire du dessin animé'', explique-t-il.
''Il s’agit donc de l’histoire inédite de Maléfique, à laquelle nous avons intégré suffisamment d’éléments pour que les gens la relient immédiatement à LA BELLE AU BOIS DORMANT''.
Pommettes saillantes, oreilles pointues, lèvres rouge vif, grands yeux clairs, cornes noires menaçantes, Angelina
Jolie porte bien le costume de Maléfique et a réussi à le moderniser sans trahir le classique. Ses regards et ses moqueries acerbes donnent une dose d’humour cynique appréciable face aux
trois bonnes fées maladroites et à la candide Aurore.
C'est la jeune Elle Fanning, 16 ans, à la carrière déjà bien remplie (SOMEWHERE de Sofia Coppola, SUPER-8 de J.J. Abrams, TWIXT de
Francis Coppola, NOUVEAU DÉPART de Cameron Crowe, GINGER & ROSA de Sally Potter), qui prête sa grâce et sa fraîcheur au personnage d'Aurore.
Sharlto Copley, dans le rôle du roi Stéphane, le père d’Aurore, un peu lisse au début, s’améliore au fur et à mesure que son
personnage s’enfonce dans la folie –et porte 17 costumes différents dans le film.
Robert Stromberg réussit à immerger le spectateur dans le monde merveilleux de Maléfique. Et pas seulement grâce à la 3D, qui est ici utilisée avec la parcimonie nécessaire. Les plus âgés
regretteront peut-être de ci de là un peu trop de candeur Disney pour un film présenté comme plus noir, mais qui reste un conte de fées.
Jean-Michel Comte et Victor Lefebvre
LA PHRASE
''Le Mal fait partie de ce monde, la haine et la vengeance'' (Maléfique, à Aurore).
MALÉFIQUE
(''Maleficient'') (États-Unis, 1h38)
Réalisation: Robert Stromberg
Avec Angelina Jolie, Elle Fanning, Sharlto Copley
(Sortie le 28 mai 2014)