Un p'tit polar français raté
C'est l'exemple même du film raté. Avec UN P'TIT GARS DE MÉNILMONTANT, on voit bien ce que le réalisateur, Alain Minier, a voulu faire: une histoire policière et la description d'un quartier de Paris qui a bien changé. Mais les deux tentatives échouent.
Côté film policier, c'est l'histoire d'un ancien malfrat (Olivier Marchal), qui sort de prison après 15 ans derrière les barreaux. Il retourne dans son quartier de Ménilmontant, dans le nord-est de Paris, et déterre dans un jardin une grosse somme d'argent et des armes cachées là depuis des années.
Malheureusement il va avoir des ennuis avec un clan de gitans. Et il devra mettre à contribution, pour s'en sortir, son vieux complice (Smaïn), rangé des voitures, qui tient un petit bar-restaurant.
A cette histoire policière s'ajoutent des éléments de scénario plus intimes: l'ancien malfrat veut faire la connaissance de son fils de 14 ans, né peu de temps après son emprisonnement. Pour cela, il essaye de renouer le contact avec son ex-femme, qui habite toujours le quartier.
Les rebondissements de l'histoire sont d'une invraisemblance assez grossière. Mais c'est côté ambiance et description sociologique que le film pêche par excès de démonstration. Ménilmontant a bien changé depuis 15 ans, avec comme principale observation le fait que le quartier vit sous la coupe de gangs de petits voyous, pour la plupart noirs ou maghrébins, qui rackettent à tout va et se livrent au trafic de drogue.
C'est certes une réalité mais elle est décrite ici avec maladresse, à coup de réflexions appuyées et de situations caricaturales (on a droit aussi aux affres du chômage, à la prostituée au grand coeur). A cela s'ajoute un jeu d'acteurs pas toujours très au point, tant de la part d'Olivier Marchal et Smaïn (pourtant sympathiques mais vraiment mal dirigés) que des jeunes ados jouant les rôles de voyous.
Bref, on ne croit ni à l'histoire ni aux personnages, et tout cela sent un peu l'amateurisme, le p'tit film français sans envergure. C'est le premier long métrage d'Alain Minier, également producteur, acteur et scénariste, qui avait réalisé en 1998 un court métrage au titre prémonitoire: L'ERREUR EST HUMAINE.
Jean-Michel Comte
LA PHRASE
''C'est le plus vieux métier du monde, mais ce n'est pas le plus facile'' (La prostituée, à Olivier Marchal, qui s'amourache d'elle).
(France, 1h30)
Réalisation: Alain Minier
Avec Olivier Marchal, Smaïn, Catherine Marchal
(Sortie 20 mars 2013)